Exploration du Hammond

Les Mystères de l'Organe de

Laurens Hammond

 

L'Orgue Hammond est l'ancêtre de la synthèse additive en temps réel. Composé de ses drawbars, c'est 89 sons possibles, soit 134 217 278 sons, à multiplier par 6 pour les vibratos, puis par 3 pour les percussions, puis par 2 pour les claviers.

Depuis sa sortie et sa présentation, tous les constructeurs ont essayé de percer les secrets de l'orgue Hammond, en vain. Ceci pour une raison bien simple, l'électronique est incapable et trop carré et ne permet pas de recréer les phénomènes de l'électroacoustique ainsi que le bruit de la roue phonique.

L'orgue Hammond était bourré de défauts, c'est ce qui à été la raison de  son  succès!!!

 Le système des roues phoniques, c'est un parfait générateur de sons sinusoïdaux non en phase, ce que l'informatique où, l'électronique sont impuissantes à réaliser. Toutes les roues phoniques, accouplées sur des bobines de cuivre par groupe de deux, démarraient de façon aléatoire, avec des fluctuations constantes du fait de leur embrayage par friction et de leur inertie propre. Aucun générateur électronique n'a pu recréer cet effet, car la génération électronique part d'un seul oscillateur à haute fréquence (généralement 1 ou 2 MHz) et le tout est synchronisé sur l'horloge d'origine. Il en est aussi de même sur la qualitée des capacités anciennes, elles produisent un son beaucoup plus chaleureux que les transistors des années '70.

Les générateurs électroniques produisaient des signaux carrés, et dans le meilleur des cas (Eminent 310 ou Vox) des signaux triangulaires. Les filtres passifs ne convenaient pas, il fallait des filtres actifs extrêmement efficaces et nombreux pour obtenir des sinusoïdes parfaites, sans harmoniques. On peut noter que la marque "Elka"(modèle 606 et 707) est un de ceux qui y est le mieux arrivé mais cela coûtait fort cher, même beaucoup trop!!!!

 Vue sur le caisson du générateur:                

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Inventé vers par Laurens Hammond en 1934 et introduit en avril 1935, l'orgue Hammond possède deux claviers de 61 touches et un pédalier de 25 ou 32 notes.

Lorsqu'on ouvre un orgue Hammond à roues phoniques, on note une odeur d'huile et de bois et un enchevêtrement de câbles. Il est constitué d'un générateur de sons à roues phoniques: un moteur alternatif synchrone qui fait tourner 91 roues associées à des électro-aimants et des bobines de cuivre. Le nombre de dents détermine la hauteur du son et ainsi chaque roue décuple la fréquence du courant (60hz aux USA) afin d'obtenir chacune des notes du clavier. Ce système mécanique est huilé en permanence par de l'huile spécifique "Hammond Oil" et produit des sinusoïdes pures, sinusoïdes que les transistors n'ont jamais su parfaitement reproduire.

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Il faut noter qu'ici en Belgique, la fréquence du courant étant de 50Hz au lieu de 60Hz aux USA, la hauteur du son est alors différente et les orgues doivent être adaptés à l'aide de kits prévus à cet effet vendu chez Goff ou chez Hammond à Anvers.

Pour créer les 9 harmoniques des 61 touches, il faut 109 roues phoniques. Or les consoles possèdent 91 ou 82 roues phoniques. Pour la partie supérieure du clavier, certaines harmoniques aigues étaient alors répétées à l'octave supérieure. Cette caractéristique est appelée "Foldback". Sur certains modèles, on la trouve également sur la partie inférieure du clavier pour la première harmonique.

Un son est constitué d'une fondamentale et d'un certains nombre d'harmoniques. L'orgue Hammond propose la fondamentale et 8 harmoniques dont le volume est contrôlé par 9 Drawbars ou tirettes harmoniques.

L'ajout d'harmoniques est appelé synthèse additive par opposition à la synthèse soustractive qui supprime des harmoniques en filtrant un son très riche. Outre la position des Drawbars, modifiable en "temps réel", un son peut être déterminé par les Presets. Ces touches du clavier, à l'extrème gauche, sont noires et donnent accès à 10 Presets (de Do à La), plus 2 Presets (La# et Si) correspondant aux deux séries de 9 drawbars. Tout ceci ne concerne qu'un clavier, les deux claviers étant totalement indépendants. Nous avons donc 4 séries de 9 Drawbars, et 20 Présets.

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Le "Bus-bar" est un ensemble de 9 tiges métaliques portant les signaux des 9 harmoniques. Sous chaque touche se trouve une sorte de peigne de 9 lamelles avec un contact en palladium (métal rare et très bon conducteur). La pression d'une touche active presque simultanément les 9 harmoniques, avec un léger décalage mécanique qui en fait est un défaut que l'on appellera le "Key-Click". Mais celui-ci sera exploité comme un avantage par bon nombre d'organistes habiles (en particulier Eddy Louiss, André Brasseur, Jimy Smith's, Rhoda Scott,..) car en enfonçant à peine la touche, on peut ne pas faire jouer certaines harmoniques.

Ce contact électrique des touches sur le bus-bar crée parfois un 'clic' ou un 'pop'. Longtemps considéré comme un défaut, et appelé le key-click aléatoire il est devenu une caractéristique essentielle des orgues Hammond tant recherché par les jazzmen.

Le chorus et le vibrato sont également très particuliers. Alors que le trémolo est une simple variation cyclique du volume sonore, le vibrato est une variation de la hauteur du son. Ceci est possible grâce au scanner rotatif modifiant la phase du signal.

L'amplification à lampes confère à un son plus chaleureux, voire une distortion  et un over-drive. L'orgue Hammond est en général associé à une cabine Leslie.

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La marque Hammond a également créé une série d'orgues à transistors dans les années 70, mais qui ne sont pas comparables aux orgues à roues phoniques. Rien à avoir!!!!

Le son d'un Hammond à transistors et à ampli avec des générateurs à LSI et des "Divideurs de fréquence" , il ne produit pas de bruit, pas d'overdrive, il n'y a plus de Key-Click, les touches sont en plastique , les Presets disparaissent souvent ainsi que les Drawbars linéaires qui laisseront place à une seule gamme totale de jeu de Drawbars et l'autre sera remplacée par des présélections électroniques, les percussions apparaissent sous forme de carte  transistorisées et des oscillateurs de basse fréquence sur des circuits intégrés ce qui veut dire que la percussion devient audible sur toutes les notes jouée; rien à avoir avec la percussion des Orgues à roues phoniques et de même pour le toucher d'attaque de la percussion des bons vieux orgue à roues phoniques, l'ampli et l'allumage se fait directement via un interrupteur, les premières cartes de sons synthétique de piano, violin, banjo et accordéon arrivent sur les Hammond, un semblant de  Leslie sous forme de haut parleur monté sur un tambour en frigolite est intégré dans l'Orgue sans trompette juste sous forme de ventilateur et autant dire que on ne peut plus appeler cela une Leslie,  les lampes sont remplacées par des transistors ainsi que les capacités, les premières boîtes à rythmes tel que l'AUTO VARI 64 font leur apparition sous des modèles "Auto-Vari 64" pour la plus célébre, on observe aussi une très mauvaise balance de son entre les aigus et les graves, le meuble pèse moins de la moitié du poids des vieux Hammond,…

Bref, la fabrication de la roue phonique est terminée mais la marque Hammond perd son standing et la concurrence est grande et le grand public regardera plus vite au prix qu' au son. Le Glas est sonné pour la marque Hammond nous sommes en 1975!